dimanche 8 février 2009

Merci Monsieur Badinter

Adolescente, j’ai habité en face de la prison de Nancy. Des heures durant, j’ai observé les barreaux en imaginant la vie derrière. Bien des années plus tard, j’ai découvert dans un reportage télévisé l’intérieur de ces murs… j’en ai été atterrée. Jamais dans mes pires inventions je n’avais envisagé une telle misère matérielle.
A l’occasion d’études de criminologie, j’ai visité un centre de semi-détention, autrement moins décrépi que la prison Charles III. J’en suis pourtant ressortie horriblement gênée. Le directeur plein de bonnes intentions avait décidé de nous montrer l’intérieur d’une cellule et avait donc fait ouvrir la première qui se présentait. Derrière la porte, un homme attablé, dont l’univers déjà très restreint fut envahi par une dizaine d’étudiants sans un mot d’excuse pour cette intrusion forcée, cette violation de son intimité. Le directeur n’y a rien vu à redire, le surveillant non plus, mais je continue des années après à me demander si le détenu a été blessé par ces gamins voyeurs.
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Alors quand j’entends Robert Badinter répéter jour après jour que l’état des prisons de la République est une honte nationale et que les détenus ont également droit à la dignité, je revois les murs de Charles III, je revois le regard du détenu à sa table, et oui, j’ai honte.

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