dimanche 20 mai 2012

Sympathique

En écoutant mon disque, je savais bien que je n'entendais pas un violon. Cette magnifique mélodie dans le Nisi Dominus de Vivaldi, si belle que j'avais appris à la jouer à l'oreille, ça ne pouvait pas provenir d'un violon. D'abord la première note de la dernière montée était trop grave. Mais plus troublant, ce son légèrement métallique, alors que les violons baroques étaient munis de cordes en boyau... je ne comprenais pas. Et hier soir j'ai vu. 
Au festival de musique baroque de Froville, j'ai vu la violoniste poser son instrument et aller se saisir... d'une viole. Je n'avais jamais vu de viole. En regardant l'instrument, le mystère s'est épaissi. Toutes ces chevilles, impossible d'aligner autant de cordes sur un seul chevalet ! Mais j'étais trop loin pour en distinguer davantage. C'est alors que j'ai compris. Si elles n'étaient pas alignées, c'est qu'il devait y en avoir en-dessous. Et toujours ce son légèrement métallique... des cordes sympathiques


La viole d'amour est munie en-dessous des cordes frottées par l'archet d'un jeu de cordes métalliques qui entrent en résonance avec les notes jouées. Et voilà, le mystère était éclairci. Libérée de mes cogitations internes, je me suis alors laissée aller à écouter la mélodie légère qui s'entrelaçait avec la voix tout aussi légère du contre-ténor. Magique.  

samedi 19 mai 2012

Repos égoïste

Programme du week-end : juste moi. Moi et mon nid. Moi et mes chats. Moi et mes plaisirs. Un peu de ménage, un peu de brossage, un peu de jardinage. Siestes, violon et lecture. Ah oui, et aussi un concert. Mais pour une fois, je me contenterai de m'assoir et d'écouter !

dimanche 6 mai 2012

samedi 5 mai 2012

Traces

En visitant Liepāja, Rīga ou Vilnius, j'ai découvert le passé culturel des pays baltes. Une de leur grande richesse était la communauté juive qui y habitait. Près de 260 000 personnes, et une vie culturelle en ébullition permanente. C'est au musée juif de Rīga que j'ai découvert que ce film que je connaissais par ailleurs avait été tourné fin 1941 à Liepāja :


C'est un des rares témoignages des sinistres exploits des Einsatzgruppen, qui ont assassiné plus d'un million de juifs entre 1940 et 1943 au cours de ce qu'on appelle désormais la Shoah par balles. Des 260 000 juifs de Lettonie et de Lituanie, moins de 15 000 survécurent à la guerre. Et de tout cela ne restent que quelques inscriptions en yiddish sur les murs de l'ancien ghetto de Vilnius. Les victimes assassinées, enterrées dans des fosses communes dans un premier temps, furent incinérées en 1944 par des nazis soucieux d'effacer toute trace de leurs crimes devant l'avancée des alliés.
Alors en retraversant la Pologne, je suis allée voir ce qui restait de l'autre Shoah, celle dont les victimes de l'Est s'étonnaient : "A l'Ouest, ils nous tuent dans des camps !".  
A Sobibór, Chełmno, Treblinka, toute trace a été détruite par les nazis en déroute. Des mémoriaux ont été érigés en souvenir sur les lieux des chambres à gaz, des fosses communes "nettoyées" en 1944, et des bûchers géants.

Gare de Sobibór

Sobibór - "Himmelstrasse"
voie empruntée par les victimes jusqu'à la chambre à gaz

Chełmno - emplacement d'une fosse commune

Treblinka - emplacement de la chambre à gaz

Treblinka - emplacement des fosses communes et des bûchers

Mais à Majdanek, un camp "double" comme Auschwitz, combinant concentration et extermination, aux portes de la ville de Lublin, les nazis n'ont pas eu le temps d'effacer quoi que ce soit. Les chambres à gaz sont tombées intactes aux mains des russes, avec leurs murs bleuis par l'usage du zyklon B.

Majdanek - baraquements et ville de Lublin en arrière-plan

Majdanek - inscription sur le baraquement des chambres à gaz

Majdanek - chambre à gaz

Evidemment, se trouver à l'entrée d'un tel lieu est très éprouvant. 
Mais c'est en arrivant à Bełżec que je me suis effondrée. A Bełżec il ne reste aucune trace. Un grand mur a été construit sur le lieu de la chambre à gaz. Et devant ce mur, un champ de pierres. Un immense champ de pierres. Autour du champ, les noms des villes et villages d'où les victimes étaient originaires. J'ai regardé ces noms, un par un. J'ai regardé ces pierres, une par une, en réalisant que chacune représentait une personne. Mais mon regard se perdait. Il y en avait trop. Et c'est ce nombre innombrable qui m'a submergée. Je me suis écroulée par terre en pleurant.