samedi 26 janvier 2013

Mon ancien métier

Par nostalgie sans doute, j'ai récemment relu ce petit texte écrit par une gestionnaire d'établissement scolaire, qui présentait de façon ironique mon ancien métier. Que du vécu, signé Agathe Deblouze.

Extrait du B.O. n°2012 du 06/10/2005 publié lors du Premier Congrès du Nanardisme :

ÉTABLISSEMENTS PUBLICS LOCAUX D’ENSEIGNEMENT
Mise en œuvre des dispositions du décret n° 85-924 du 30 août 1985 modifié relatif aux établissements publics locaux d’enseignement -
...
III - Équipe de direction
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Au sein de l’équipe de direction, le gestionnaire, qui est l'esclave du chef d’établissement dans la gestion matérielle, financière et administrative, participe aux longues réunions improductives censées conduire au pilotage de l’établissement dans ses domaines de compétences spécifiques (portes qui grincent, couverts sales, crottes de mouches sur le tabouret de l'aide de labo, gestion du stock de Stabilos verts fluo...).

Sous l’autorité du chef d’établissement, il prend en charge les relations incessantes avec les personnels techniciens, ouvriers et de service, dépatouille leur fiche de paie incompréhensible, arrange leurs horaires en fonction du taux d'hydrométrie ambiant et du weekend à venir, trouve un couillon pour faire la plonge à la place de machin le jeudi de 19h à 20h au dernier moment et alors qu'il y en a déjà trois en congé maladie, écoute patiemment les récriminations de Simone Dugenou qui s'est encore pris le bec avec Germaine Dubonnet (parce que cette dernière n'a pas rincé sa serpillère après avoir l'avoir utilisée pour nettoyer les chiottes en urgence et que quand même, elle aurait pu aller chercher son chariot à elle, même s'il est au fond du couloir).

Il est le correspondant technique de la collectivité territoriale de rattachement de l’établissement parce qu'il faut bien un responsable quelque part et que c'est plus pratique si ce n'est pas le chef d'établissement qui se prend tout dans la tronche. Il réceptionne des travaux bâclés et qui lui foutent les boules, mais le technicien de la Col Ter lui explique que "mais si c'est pas mal et puis vous voyez comme ça, vous aurez moins chaud". Il est le vassal du Département (ou de la Région) et son statut ressemble plus souvent à celui du serf, tant il est corvéable à merci.

Il participe aux réunions hebdomadaires de l'équipe de direction "élargie" et échange un regard de connivence avec la CPE quand le chef d'établissement commence par ces mots "on va faire court", car chacun sait qu'il en est incapable.
Il a suivi une formation CAFA "Mon téléphone, nouvel instrument de gestion du temps", grâce à laquelle il sait faire sonner lui-même son portable, ce qui lui permet de prétexter une urgence pour s'éclipser, sous le regard envieux et pas dupe de la CPE.

Enfin, le dindon de la farce, non pardon, le gestionnaire, bénéficie d'un régime indemnitaire dérisoire, mais comme il est con (et il faut l'être pour faire un boulot pareil), il ferme sa gueule et continue à faire des heures sup' pour lesquelles personne ne le remerciera jamais.

Ah si, l'an dernier Davigel lui a offert une planche de saumon fumé pour les fêtes de fin d'année, mais comme il est incorruptible, il l'a donné aux agents pour leur repas de Noël.

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