lundi 2 novembre 2009

KZ - devoir de mémoire

J'ai passé une semaine à sillonner les routes d'Europe, bien plus rapidement que ne l'ont fait les wagons plombés qui transportaient les victimes des camps de concentration que je suis allée voir.
A Dachau, j'ai trouvé un camp complètement fondu dans la ville, les baraquements des SS désormais habités par des familles allemandes et les groupes scolaires un tantinet trop désinvoltes à mon goût. A Mauthausen, des visiteurs étaient particulièrement bruyants devant le four crématoire. A Auschwitz Birkenau, des enfants jouaient sur la rampe qui a amené plus de 400 000 Juifs hongrois à la mort. A Theresienstadt, le ghetto a été rendu à l'habitation des populations locales. Je me suis raisonnée, "il faut bien continuer à vivre, le soleil est toujours là, lui".
Mais où commence alors l'indécence ? Une mère installant ses deux garçons sur un châlit de détenu pour une photo souvenir à Dachau ? Un groupe d'adolescentes hilares devant la Porte de la mort d'Auschwitz Birkenau ? Un touriste me demandant en mauvais anglais si je souhaite qu'il me prenne en photo sur le seuil de la chambre à gaz de Mauthausen ?
Lorsque l'on vient arpenter les lieux de l'assassinat de millions de personnes, si l'on ne respecte pas ces lieux, si l'on n'y pénètre pas avec le souvenir des victimes, si l'on ne tente pas d'y appréhender l'ampleur de l'horreur, alors je crois que non seulement il ne sert à rien d'être venu, mais d'une certaine manière c'est comme si les victimes mourraient une seconde fois.
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Auschwitz Birkenau - été 1944 - victimes gazées
Sonderkommando incinérant des corps derrière le crématorium V
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Bergen Belsen - avril 1945 - victimes mortes de maladie et d'épuisement
Soldat britannique remplissant une fosse commune

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