jeudi 2 avril 2009

Régie

Avant de pouvoir monter sur scène, il faut installer le matériel. Les praticables pour le choeur, les pupitres et les chaises pour l'orchestre, l'estrade du Chef, les gros instruments (piano, harpe, percussions), parfois l'éclairage... bref, tout ce dont les musiciens auront besoin pour donner le meilleur d'eux-mêmes. Chez les professionnels, les musiciens musiquent et les manutentionnaires manutentionnent. Chez les amateurs, la frontière n'existe pas. Alors j'ai investi dans une paire de gants pour aider le régisseur et son adjoint à monter et démonter, charger et décharger. Et j'ai appris que dans la régie, rien n'est jamais fini avant le lever de rideau, et parfois même après.
Samedi matin j'ai passé une bonne heure à installer un orchestre à géométrie variable selon les morceaux, à tester les espaces entre les chaises des "cordes", à imaginer la configuration qui nécessiterait le moins de manipulations une fois le concert commencé. Puis le Chef est arrivé, et en une phrase il a réduit tous mes efforts à néant : "J'ai besoin du piano plus près du public". Piano rapproché, l'espace nécessaire aux violoncelles n'était plus disponible sans pousser les altos et donc les violons. Plus de place pour tirer les archets ! Et de repenser toute la mise en place... jusqu'au prochain mot du Chef : "Il faut mettre le choeur de chambre devant pour Howells". Donc virer tout l'orchestre ! Zen...
Tout était enfin prêt, les repères placés au sol pour réinstaller l'orchestre après la prestation du choeur de chambre. A l'instant t, trois musiciens - deux costumes, une robe de princesse - ont donc empoigné chaises et pupitres, et en une valse silencieuse ont remis en place en un temps record tout un orchestre symphonique devant un public attentif à leurs moindres faits et gestes. Choeur et orchestre sont alors rentrés sur scène. J'avais troqué mes gants contre mon violon, et c'est en me concentrant sur ma partition en attendant l'apparition du Chef que j'ai réalisé que nous avions oublié les chaises des solistes... L'oubli fut vite réparé, car j'ai aussi appris dans la régie qu'il fallait être réactif quelles que soient les circonstances, y compris quand on se dresse en robe de princesse devant 800 personnes avec un violon dans les mains !

Aucun commentaire: